A lire

7 ans

Sept ans que ça dure. Trop de bombes, de morts, de viols, trop de malheur.

Vu d’ici, on dirait que l’extinction calculée d’une partie de la population a été programmée. Combien de temps faudra-t-il encore pleurer, prier que ça s’arrête, qu’on laisse la vie reprendre avant que plus un souffle ne sorte de sous les gravats, que plus une âme ne soit réparable, que plus un enfant ne sache ce que jouer veut dire.

Que ceux, nés au début de la guerre, dont c’est aussi le désolant anniversaire, apprennent qu’il existe une autre vie. Sans missiles éléphant, sans bombes à fragmentation, sans la morgue de Bachar al-Assad et le renoncement de l’Occident. Même si, lorsque tout s’effondre, c’est au noyau familial qu’on se raccroche, les hommes, tués, embrigadés, emprisonnés, ou simplement restés auprès des leurs, ont perdu toute capacité à remplir leur rôle.

Il reste les femmes. Cathédrales, résistantes, protectrices de ceux qui restent. Femmes que leur condition relègue à une place subordonnée mais que la guerre a sorties de leur espace. Femmes victimes, elles aussi, des pressions exercées par le régime, puis par les jihadistes, puisque le viol est une arme de guerre, de désintégration et de pression. Ce sont elles qui luttent pour que le peuple syrien, s’il ne meurt pas sous les bombes, ne meure pas de faim. Parce qu’un seul jour de guerre c’est déjà beaucoup, sept ans, c’est 2 555 jours de trop.

Viktor LAZLO

Viktor Laszlo (de son vrai nom Sonia Dronnier), est une chanteuse, actrice et romancière française Son pseudonyme provient du nom d’un des personnages du film Casablanca. Elle participe au « Libé des écrivains « de cette fin de semaine