La parité en économie : féminisation ou reproduction des élites ?

(Extrait d’un article de Claire Gatinois paru dans Le MONDE du 02.05.10 )

Nommer des femmes au sein des conseils (d’administration des entreprises du CAC-40) est une initiative semi-volontaire de la part des patrons. Elle fait suite à la proposition de loi du 4 décembre 2009, déposée par la députée UMP Marie-Jo Zimmermann, avec le soutien du président du groupe Jean-François Copé, visant à imposer au moins 40 % de femmes au sein des conseils d’ici à 2015. Le gouvernement prend ainsi exemple sur l’Espagne ou la Norvège. Pour l’heure, en France, le texte n’a pas encore été promulgué. Mais le patronat semble se l’être déjà approprié.scalp

“La France était le pays le plus en retard pour la féminisation des conseils. La menace d’une loi a suffi à provoquer un mouvement”, observe Dominique Sénéquier, patronne de la société d’investissement Axa Private Equity, parmi les femmes les plus influentes du monde selon le magazine Fortune. Mais, “on croise souvent les mêmes dans les conseils. La féminisation des administrateurs, pour l’heure, n’échappe pas à cette habitude”, constate-t-elle. Dit autrement, que l’on fasse venir des femmes ou des hommes, la “consanguinité” et la reproduction des élites dans les conseils perdurent.

Pour Pierre-Yves Gomez, directeur de l’Institut français de gouvernement des entreprises, ce travers était prévisible : “Pour répondre à une question légitime, on a pollué la démocratie d’entreprise.” Selon lui, le sujet a été mal posé. Il ne s’agissait pas seulement de faire entrer dans les conseils des femmes susceptibles de servir d’alibi, mais des femmes compétentes, à même de tenir tête aux dirigeants. Or, ajoute M. Gomez, ces compétences existent : “Il ne serait pas raisonnable d’imaginer le contraire. Les femmes représentent 51 % de la population française.”

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